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Le Mont Saint-Michel : les clés du paradis

Le Mont Saint-Michel : les clés du paradis

ACTUALITÉ DU 16/07/2020

Je devais avoir sept ans, peut-être huit. Pour la première fois, je levais les yeux sur ce chef d’œuvre. Le mot n'était pas encore de mon vocabulaire et probablement ai-je entonné un cri d'émerveillement, aujourd'hui échappé de ma mémoire. Sûr, en revanche, j'ai pensé à la construction du rêve le plus fou de Walt Disney ! Depuis, de près ou de loin, à chaque retrouvaille avec ce Mont mythique, une béatitude me submerge. On dit « voir Venise et mourir »... je vous promets que c'est admis pour le Mont Saint-Michel. C'est une visite à faire avec les enfants. Ils se baladent de curiosités en immensités (ne les lâchez pas trop, il y a quasiment toujours foule). Ils seront fatigués le soir (2e effet bénéfique de la visite !), revenant avec des idées et des rêves plein la tête. L'un des intérêts de ce site pour les visites familiales est sa diversité : entre architectures fantastiques et panoramas exceptionnels, entre patrimoine bâti par les hommes et richesses naturelles, entre les boutiques et les petites rues du village médiéval. Au fait, savez-vous pourquoi on nomme la plus petite rue du Mont « la rue des cocus » ? Située dans le secteur des boutiques, elle est minuscule et un homme chapeauté de cornes n'y passerait pas !

Bac en poche, je suis revenu sur le Mont, prenant le soin au préalable de lire son histoire. Avoir en tête les grandes dates et grands événements de cette épopée multiplie par cent (au moins) l'intérêt de la découverte. Des petits livres et guides résument cela à la perfection et suffisent à nous faire comprendre que le Mont est bien plus qu'une histoire normande et française. Plus qu'un site touristique parmi les grands renommés de la planète, il est un haut-lieu spirituel. Ce phare éclaire de son raffinement et de sa culture très loin au-delà de la baie du même nom. Avec vos enfants, peut-être pouvez-vous démarrer sur l'explication du mot « rêve »... et bavarder sur son utilité. L'évêque d'Avranches va vous aider. En l'an 708, Saint-Aubert, dans un songe, aurait reçu de l'archange Michel la suggestion de bâtir un sanctuaire sur le rocher de granit. C'est en 966 que le duc de Normandie décide la construction d'une abbaye. Très vite, le village se développe et les pèlerins affluent. Le XIe siècle voit la concrétisation d'une imagination folle, et d'une prouesse technique incroyable : l'abbaye est érigée, tout en haut, ainsi que des cryptes. Au fil des ans, d'autres ajouts peaufinent la spectaculaire complexité du Mont Saint-Michel. La petite église Saint-Pierre (VIIIe siècle) fait l'objet de modifications dans cette époque. Saint-Pierre, détenteur des clés du paradis, « gardien des portes du ciel » est le saint-patron des habitants du Mont. Comme d'autres grands sites français, ce mont a subi les tourments de l'histoire. Sous la Révolution Française, les moines sont chassés et le lieu se fait prison, baptisée « la Bastille des mers ». Jusqu'en 1863, elle reçoit 14 000 prisonniers, ce qui révolte Victor Hugo : « Autour de nous, partout, à perte de vue, l'espace infini, l'horizon bleu de la mer, l'horizon vert de la terre, les nuages, l'air, la liberté, les oiseaux envolés à toutes ailes, et puis, tout à coup, là, dans une crête de vieux mur, au-dessus de nos têtes, à travers une fenêtre, la pâle figure d'un prisonnier. Jamais je n'ai senti plus vivement qu'ici les cruelles antithèses que l'homme fait quelquefois avec la nature ».

Cloître de l'abbaye du Mont-Saint-Michel

Quel programme de visites pour une journée idéale en famille ? Entre applis numériques, balades spéciales familles et jeux de piste.

Poursuivons un instant dans les chiffres. Écoutez celui-ci, il souligne la popularité phénoménale du site : en 100 ans, le nombre de visiteurs a été multiplié par 30 ! De 100 000 par an en 1910 à 3 millions aujourd'hui (le chiffre varie selon les sources, entre 2,3 et 3 millions), c'est à dire 8000 voyageurs et pèlerins par jour, avec des pointes de 20 000 en période estivale. Que faut-il voir au mont Saint-Michel ? Tout ! Vous n'avez pas le temps ? Voici les incontournables :

  • L'abbaye : « La visite offre, sur plusieurs niveaux, l'ensemble des espaces dédiés à la vie quotidienne (réfectoire, cloître, scriptorium...), à la vie religieuse (église abbatiale, chapelles, cryptes) et à l'accueil des pèlerins (aumônerie, salle des hôtes...) ». Attention : procession de chefs d’œuvre !
  • Ne manquez pas, sur la terrasse de l'abbaye, le belvédère. Il vous fait cadeau d'un panorama unique sur la baie et les alentours.
  • Les remparts, faisant du lieu une véritable forteresse. On se balade librement sur le chemin de ronde, reliant sept tours et donnant une vision fantastique des paysages naturels.
  • Passage obligé par le pont-levis et le village médiéval, bourré de charme... quand il n'y a pas trop de monde (renseignez-vous avant, il y a des horaires où l'on est davantage peinard!). Les commerces sont de belle qualité, dotées de vieilles enseignes.
  • Notez que le Mont Saint-Michel abrite plusieurs musées (gratuits pour les moins de 12 ans), dont le musée maritime qui donne à vos enfants les clés pour comprendre le phénomène des marées (la baie du Mont Saint-Michel est le lieu d'une des plus fortes marées d'Europe). Dans ce musée, ils apprécieront aussi les 250 maquettes de bateaux anciens.

Plusieurs initiatives ont été concrétisées par les responsables du site pour une visite familiale des plus agréables : pêle-mêle, retenons les « visites familles didactiques et ludiques », les applications numériques, dont « un voyage temporel ponctué d'énigmes », le jeu de piste pour les 7/13 ans (en vente à l'office de tourisme) entraînant « les familles dans un parcours ludique à travers le village et jusqu'au sommet de la merveille », « les sorties pédagogiques et ludiques sur les plantes et coquillages de la baie »... Les groupes sont également ciblés dans l'organisation de l'accueil, avec par exemple des « activités incentives » (« motivantes », pour parler français). Elles englobent des occupations very grandes sensations : traversée de la baie à cheval, enquêtes policières, parachute, survol du mont en ULM, escalade de rochers et même (accrochez-vous bien) pistes noires de VTT ! Ce programme est principalement destiné à des entreprises, pour des séminaires ou conventions, mais il montre en tout cas la réelle variété des occupations.

Granville

La Manche, un état de grâce ! 355 km de côtes, 6715 km de sentiers balisés, 285 km de voies vertes, 4 stations balnéaires et 1 village vacances Cap France...

Au-delà du Mont Saint-Michel, attardez-vous sur le département de la Manche. Sa richesse est résumée en quelques mots et chiffres : 355 km de côtes, 2 Parcs Naturels Régionaux, 6 réserves naturelles, 6715 km de sentiers de randonnées balisés, 285 km de voies vertes, 2 sites classés au Patrimoine mondial de l'UNESCO (le Mont et sa baie, ainsi que la Tour Vauban de la Hougue), un carnaval de Granville également classé à l'UNESCO, dans les événements immatériels, des villes d'Art et d'Histoire, de Métiers d'art, 4 stations balnéaires labellisées « Familles Plus », dont Agon-Coutainville. Dans cette petite ville côtière (3000 habitants), vous trouvez un des 90 villages vacances Cap France : le Home du Cotentin. Parmi les visites proposées dans cette résidence de vacances, voici la cité portuaire de Granville, à 35 km du Home. Balade passionnante où vous alternez entre le premier port coquillier de France, les remparts de la Haute-Ville, les îles Chausey, le Jardin Dior et son musée (maison d'enfance du couturier), que l'on rejoint par des escaliers sur la falaise. La Manche est l'une des très belles destinations françaises dans la catégorie du tourisme doux et durable : la nature est souvent sauvage, les voyageurs heureux de se reconnecter à elle, les lumières et couleurs jouent l'apaisement, la tendresse s'invite partout, aussi sucrée que l'ambiance des années 60, quand le film en chanson, « Les parapluies de Cherbourg », était mis en boîte dans la cité manchoise. Tiens, en voilà une autre idée de balade : déambuler sur les lieux (nombreux) du tournage du film, à Cherbourg, à 78 km du Home du Cotentin. Dans les archives du réalisateur Jacques Demy, on a retrouvé ces notes sur l'atmosphère du tournage : « joyeuse et sublime ». Catherine Deneuve parlait « d'un état de grâce ». 

Photos : Ben Lieu Song (Wikimedia Commons) / Amaustan (Wikimedia Commons) / Thomas Jouanneau (Office de Tourisme de Granville)


Vianney Huguenot

Journaliste, hexagone-trotter, également chroniqueur en radio, animateur en télévision et auteur au Petit Futé, il sillonne la France depuis plus de vingt ans, alternant les coins méconnus et les pépites incontournables du tourisme français.