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Sète : la ville artiste

Sète : la ville artiste

ACTUALITÉ DU 21/08/2020

La première fois que j'entrais dans Sète, j'avais dix ans, le calendrier affichait le 7 juillet 1977. Vous imaginez le nombre de cartes postales expédiées en ce jour d'heureuse consonance, en mentionnant fièrement sur le dos de la carte tout en haut à droite : le 7/7/77 à Sète ! Je ne dis pas que nous avons relancé l'industrie de la carte postale et sauvé la Poste ce jour là, mais nous y avons contribué ! Sète s'est présentée à nouveau plusieurs fois dans ma vie. Et je l'accueille toujours avec bonheur et le sentiment d'entrer dans un immense atelier d'artistes. Sète l'héraultaise est délicatement posée sur la mer, rayonnante, colorée, chaleureuse, simplement belle. Ici, naissent des destins hors du commun.

Le spectacle magique du retour des chalutiers et petits pêcheurs, dans le 1er port de pêche de la Méditerranée

On peut identifier Sète à partir de quelques grandes références artistiques... dont l'art de la pêche. Car Sète, c'est d'abord la mer ! Son port de pêche demeure numéro 1 sur la Méditerranée et il ne faut pas louper le spectacle des après-midi : « Le port de pêche ancré dans le canal royal, à l'abri du vieux port, donne à Sète un attrait particulier qui séduit depuis toujours les amoureux de la mer. Le retour des chalutiers au port est un spectacle magique à admirer depuis le môle ou la promenade qui surplombe le vieux bassin. Au cœur du vieux port, la criée de Sète dessert la France entière, Paris, Lyon, Toulouse, Marseille, mais aussi l'Italie et l'Espagne. Dix tonnes de poissons sont pêchées chaque jour par 17 chalutiers et petits pêcheurs. Au total, la criée vend 90 espèces différentes : lotte, rouget, capelan, poulpe... 2200 tonnes pêchées à l'année. Sète est donc le premier port de pêche de la Méditerranée française et sa criée est la première en Europe à avoir été informatisée en 1967 », précise l'office de tourisme sétois. Certes, Sète a perdu là un aspect folklorique de ce lieu où l'on vend les poissons – on n'achète plus à la voix et à la main levée – mais le port reste véritablement authentique, de surcroît attaché à une grande histoire. C'est en 1666 que se construction est entamée, avec l'objectif de favoriser la vente et l'exportation des produits de la région. Elle démarre par le môle Saint-Louis que je vous conseille de fouler jusqu'au bout (moins d'1 km) pour attraper l'une des plus belles vues sur la vieille ville, après avoir gravi les 126 marches du phare Saint-Louis (ouvert au public, 3€50 la visite, gratuit pour les moins de 12 ans). En retournant sur vos pas, tout au bout du quai, vous découvrez deux autres sites légendaires de la ville : le cimetière marin et le théâtre de la mer...

Le port de pêche de Sète
Le phare de Saint-Louis
Le phare de Saint-Louis avec vue sur la vieille ville

À la rencontre du quartier des pêcheurs « la pointe courte », du musée Georges-Brassens, du théâtre de la mer...

Savez-vous quelle est la question la plus fréquemment posée au cimetière marin ? « Elle est où la tombe de Monsieur Brassens ? ». C'est ce que nous signale le site grandsudinsolite.fr. Pas de bol, la sépulture du grand Georges Brassens est de l'autre côté de la ville, face à l'étang de Thau, au « cimetière des pauvres » (cimetière Le Py, dont le nom vient du mas del Py, la maison du pin) où « depuis octobre 1981, Georges Brassens passe sa mort en vacances auprès des siens ». Quand vous sortez du cimetière, vous traversez le boulevard Camille-Blanc et vous voilà à l'Espace Georges-Brassens (né à Sète, rappelons-le, en 1921). Vous vous promenez dans la vie de Georges Brassens à travers différents espaces : l'enfance à Sète, de Sète à Paris, les cabarets, le plaisir des mots, éloge de la femme, l'homme de scène... Brassens incarne la deuxième grande référence artistique de Sète. Mais il n'est pas seul à la représenter. Sète a vu naître aussi la star du rap Demi Portion, inventeur du Demi Festival. Elle est la ville natale du créateur du festival d'Avignon, Jean Vilar. Lui est au cimetière marin (autrement appelé « le cimetière des riches »), tout comme le poète Paul Valéry, dont vous pouvez découvrir le musée à son nom, abritant notamment une collection de peintures « essentiellement composée d’œuvres du XIXe siècle à nos jours », ainsi qu'un riche fonds Paul-Valéry (300 documents, manuscrits, ouvrages, dessins, pastels, aquarelles). Il ne faut pas oublier la cinéaste Agnès Varda. Très liée à Sète, elle n'y est pas née mais arrivée en 1940, après que ses parents aient fui la Belgique occupée par les nazis. Pour retrouver cette immense réalisatrice, rendez vous dans le quartier de Sète nommé « la pointe courte », magnifique village de pêcheurs dont les habitants sont appelés « les pointus » et « ont façonné leur propre identité tout aussi exceptionnelle que leur petit quartier ». Autre lieu emblématique mêlant culture et histoire : le théâtre de la mer. On pourrait dire double théâtre car vous assistez à deux spectacles : celui de la mer (le théâtre en plein air est accroché à la roche du bord de mer) et celui des artistes qui se produisent sur la grande scène, depuis 1959. Avant cette année, il fut hôpital, prison et surtout Fort Saint-Pierre, un des systèmes de défense de la ville contre les ennemis déboulant depuis la mer.

La pointe courte à Sète
La pointe courte à Sète
Le théâtre de la mer à Sète

Pourquoi dit-on de Sète qu'elle est la « Venise du Languedoc » ? Et savez-vous combien il y a de Venise en France ?

 

On appelle généralement une ville « Venise », Venise de ceci, Venise de cela, quand l'eau (plutôt calme et romantique) domine, avec des rivières et canaux, des ponts, petites ruelles et placettes, rien que des trucs au poil pour roucouler en paix. On trouve donc en France une bonne quinzaine de Venise... celle des Alpes (Annecy), d'Alsace (Colmar), de Loire-Atlantique (Clisson), de la Sèvre (Niort), du Périgord (Brantôme), du Gatinais (Montargis), du Gard (Goudargues), du Vaucluse (L'Isle-sur-la-Sorgue), de Seine-et-Marne (Crécy-la-Chapelle), de Brie (Coulommiers), de Normandie (Veules-les-Roses), de Provence (Martigues)... j'en passe et j'en oublie. Dans la liste, il y a Sète, c'est évident. Voilà une activité très plaisante, à faire un peu au hasard : flâner le long des canaux et sur les ponts de Sète (il y en a douze en tout). Le plus célèbre des canaux est le canal royal où siège sa majesté : les incontournables fêtes de la Saint-Louis (organisées traditionnellement dans cette période de fin août et annulées cette année pour cause de ce que vous savez. Pour y avoir assisté, c'est clair que la distanciation sociale est impossible à respecter avec la foule que drainent ces fêtes). Vous l'avez compris, je vous parle d'une autre grande référence artistique de Sète : l'art de la joute. Ces fêtes et ces combats de joute sur le canal royal sont nés avec le port, en 1666, voulu par Louis XIV. Le Roi Soleil accordait une importance stratégique à cette ville, particulièrement pour lutter contre les Anglais.

Joutes sur le canal royal à sète
Joutes sur le canal royal à sète

Les incontournables fêtes des joutes, depuis 1666 : extrêmement spectaculaires !

À l'Office de tourisme, on vous précise ceci : « C'est une vieille tradition maritime qui a ses codes, son vocabulaire propre, ses rituels et sa musique. Juchés sur la tintaine en haut des barques, équipés d'une lance et d'un pavois, les jouteurs aspirent tous à remporter la Saint-Louis, le plus prestigieux des tournois. C'est un sport extrêmement spectaculaire où la transmission familiale est de mise. Sept sociétés et une école de joutes contribuent à entretenir l'enracinement de cette tradition ». Je ne peux pas finir sans évoquer un lieu que j'aime : le MIAM, ou Musée International des Arts Modestes, magique et tonique ensemble de créations que d'aucuns diront loufoque ou dingue, quand d'autres diront génial, revigorant, essentiel... Que vous dire encore ? Que Sète, c'est aussi de très longues plages (12 km au total) et une belle gastronomie, typique (rouille de seiche, moules farcies, macaronade...) ou influencée par d'autres horizons : « Notre cuisine est avant tout une cuisine de pêcheurs qui s'est enrichie du savoir-faire culinaire des Catalans, Génois, Napolitains, Espagnols et Pieds-Noirs venus au fil du temps s'installer à Sète ». Vous dire aussi que vous pouvez démarrer votre périple sétois (j'aurais pu commencer par là) par le Mont Saint-Clair, dominant la ville et la mer et vous offrant un panorama époustouflant, mais aussi une première idée de l'histoire et de l'urbanisme de cette merveille de Sète. Le mieux, c'est quand même de pratiquer l'art de la Saint-Thomas (je crois ce que je vois) et d'aller voir sur place ! J'ai deux bonnes adresses à vous filer : le village vacances Cap France de Sète : le Domaine du Lazaret, ouvert toute l'année. À proximité, de l'autre côté de l'étang de Thau, à Mèze, vous trouvez le village club Cap France Thalassa, également ouvert toute l'année.

Le Musée International des Arts Modernes, à Sète
Sète, la Venise du Languedoc

Crédits photos : Sète Tourisme / Olivier Maynard / C. Espinasse / Ville de Sète / Hérault Tourisme / MIAM / Christian Ferrer Wiki


Vianney Huguenot

Journaliste, hexagone-trotter, également chroniqueur en radio, animateur en télévision et auteur au Petit Futé, il sillonne la France depuis plus de vingt ans, alternant les coins méconnus et les pépites incontournables du tourisme français.